Dégommer 5 idées reçues autour du périnée
Dans cet article, j’avais envie de venir déconstruire avec vous quelques fausses croyances autour du périnée. Parce qu’il y en a un paquet qu’on a intégré, souvent inconsciemment, et mine de rien ça entache bien la relation à notre corps et à notre confiance en nous.
Si j’ai une image erronée de mon périnée et que j’arrive déjà avec des a-priori, ça risque d’être plus difficile d’entrer en relation avec lui, n’est-ce pas ?
Résultat : au mieux on passe à côté de notre périnée et de ses potentiels, au pire on se retrouve carrément avec des problématiques d’incontinence, de vaginisme, dyspareunie, de périnée hypertonique et toutes ces joyeusetés qui ne contribuent pas franchement à se sentir en paix avec son corps, ni à déployer une sexualité épanouie.
Alors c’est parti !
Idée reçue n°1 : Le périnée est un muscle
Et non, ce n’est pas qu’un muscle ! En fait, ce que l’on appelle communément « périnée », « plancher pelvien » (personnellement je n’adhère pas trop à cette appellation qui sonne très figée alors que dans la réalité il est loin d'être un "plancher" plat et fixe…), ou « diaphragme pelvien », c’est un ensemble de muscles (plus de 15 muscles différents !) et de fascias, c'est à dire des tissus qui forment une enveloppe, une membrane qui entoure tout dans le corps humain (muscles, ligaments, os, nerfs, viscères…).
Ces différentes couches de tissus superposés et entremêlés sont attachées à la structure osseuse du bassin, du pubis à l’avant jusqu’au coccyx à l’arrière en passant par les ischions (ces os coudés sur lesquels nous nous asseyons) et vient fermer notre tronc par le bas.
Le losange du périnée, vue de dessous. Illustration originale : rallumons les étoiles
Tous ces muscles et fascias se rejoignent en un point central, le noyau fibreux du périnée, situé entre le sexe et l’anus qui a un rôle très important pour notre stabilité et notre ancrage.
D’ailleurs, en proportion on retrouve 80% de fascias pour seulement 20% de muscles dans le périnée… donc parler du périnée comme un muscle est vraiment un abus de langage. C’est plus exact de parler de diaphragme… et il y aurait beaucoup à dire sur les diaphragmes du corps, leur fonction au niveau physiologique et énergétique. Je prépare un prochain article à ce sujet :)
Idée reçue n°2 : Le périnée est en forme de hamac au fond du bassin
Même si c’est comme ça qu’il est représenté dans la plupart des manuels d’anatomie et de médecine, on a fini par se rendre compte récemment que c'était pas tout à fait ça. (Et oui, la compréhension du corps humain dans la médecine moderne a reposé en grande partie sur les observations faites lors de dissections de cadavres… ce qui, disons le franchement, ne facilite pas vraiment l’étude du vivant).
Mais heureusement, ça évolue et les dernières représentations d’un périnée vivant par IRM nous révèlent qu’il est finalement… plutôt convexe.
On le décrit semblable à deux "ailes de mouettes », du moins lorsqu’il est dans sa forme physiologique, c’est à dire « en bonne santé ».
Et cette orientation convexe, qui suit le mouvement du diaphragme thoracique (avec moins d’amplitude), est bien plus propice à amortir les pressions internes :)
Idée reçue n°3 : Le périnée soutient mes organes du petit-bassin (utérus, vessie, rectum etc.)…
Oui et non ! Le périnée soutient nos organes, oui, mais il est aussi soutenu par toute l’organisation corporelle : par les fascias notamment, cette grande toile qui relie tout dans notre corps. Et les organes du bassin se tiennent entre eux et sont aussi tenus par des ligaments attachés à la paroi osseuse du bassin.
Donc l’idée que si notre périnée n’est pas assez tonique, tout s’effondre, c’est carrément un mythe !
Idée reçue n°4 : Il faut que je contracte mon périnée tous les jours
Alors là, ça vaut le coup de se rappeler que notre périnée est un diaphragme et aussi qu’il est composé de 80% de fascias et seulement de 20% de muscles… est-ce que ça nous viendrait à l’idée de « contracter » ou « muscler » notre diaphragme thoracique ? Bien sûr que non !
Un diaphragme, il a besoin d’être souple, mobile et détendu pour bien fonctionner. Il en va de même pour le périnée.
D’ailleurs, à l’inverse de ce que l’on imagine, les dysfonctions du périnée sont très souvent liées à une hypertonicité plutôt qu’à un manque de tonus. Bien sûr, il existe aussi des cas d’hypotonicité qui empêche le périnée d’assurer correctement ses fonctions… c’est dans tous les cas important d’avoir un regard global sur ce qui est en jeu (observer au niveau postural, respiratoire, l’activité physique, les dimensions émotionnelles, psychiques, etc.) et évidemment il est essentiel de consulter un.e médecin, spécialiste ou sage femme pour qu’un diagnostic puisse être posé afin d’être accompagnée au mieux.
Idée reçue n°5 : Mon périnée est faible
Dernière idée reçue et pas des moindres… C’est presque ce qu'on finit par croire à force d'entre qu'il faut le « rééduquer », le « muscler », le « tonifier » ce périnée…
Et non, notre périnée n’est pas faible, bien au contraire, il est même très endurant et résilient.
Simplement, il a besoin qu’on réapprenne à prendre soin de lui, prendre soin de lui vraiment.
Ca veut dire apprendre à l’écouter, lui donner les bonnes conditions à son équilibre (du mouvement, de l’espace, de la détente, du repos… entre autres :) ) afin de lui permettre de soutenir la vie dans notre petit bassin et dans tout notre organisme !