Le Shakti Tantra Yoga est un mouvement d’empouvoirement féminin basé sur une reformulation contemporaine de pratiques de tantra matrilinéaire et matriarcal. Il propose un ensemble de techniques psycho-physico-énergétiques adaptées au corps et à l’énergie féminine, dont l’objectif est la réalisation de soi et l’expansion de la conscience.
Le mouvement Shakti Tantra Yoga est initié par l’argentin Claudio Fernandez en 2018 au Brésil pour transmettre et restituer un savoir issu de quarante années de pratique, d’expérimentation et de recherches sur le tantra matriarcal et les processus féminins.
On retrouve aussi, sous une autre forme, le « Womb Yoga » proposé par Uma Dinsmore Tuli (yogini et autrice du livre « Yoni Shakti : A woman’s guide to power and freedom through yoga and tantra ») visant l’empouvoirement spirituel des femmes.
Les chercheur.se.s historien.ne.s s’accordent sur le fait que les racines du Yoga seraient féminines : les origines du Yoga seraient confondues avec une lignée de tantra matriarcal apparue près de 4000 ans avant notre ère. Celle-ci correspondrait à un ensemble de savoirs et de pratiques élaborées par des femmes, et inspirées des processus physiologiques propres au corps féminin : naissance, orgasme, cycle menstruel.
Malgré la pluralité des pratiques de Yoga qui émergent aujourd’hui en Occident (Kundalini Yoga, Yin Yoga, Vinyasa etc.), la plupart restent dérivées du Hatha Yoga, une branche du yoga née d’un long processus de patriarcalisation. En effet, le Hatha Yoga émerge bien plus tard (autour du Vème siècle) et développe des techniques adaptées à un corps masculin, en excluant progressivement les femmes de la sphère du yoga. Ce n’est que très récemment, depuis les années 1990, que les femmes ont réinvesti la scène du yoga lorsque cette discipline a été introduite en occident. Aujourd’hui, le yoga est pratiqué et enseigné majoritairement par des femmes.
Pourtant, les pratiques de Yoga contemporaines (dérivées du Hatha Yoga patriarcal) restent très éloignées des nécessités du corps et des processus féminins. Qu’il s’agisse du cycle menstruel, de la grossesse, de la ménopause... Aucun de ces processus féminins n’est considéré dans la pratique.
En observant le fonctionnement biologique de l'être humain, on peut constater des différences marquées entre les hommes et les femmes tant au niveau de la structure dense que subtile. Au niveau du corps physique, il faut savoir que les effets les plus intenses et les plus profonds de la pratique du Yoga se produisent sur l'axe neuro-hormonal. La pratique masculine est alors adaptée à une répétition linéaire de séries posturales dont les résultats se manifestent à travers un effort cumulatif. La pratique féminine, au contraire, devrait suivre les processus naturels du cycle menstruel, en accord avec chaque phase du cycle. Elle a donc un caractère cyclique et adaptatif. Chaque étape - œstrogène, ovulation, progestérone et menstruation – apporte des nuances spécifiques, des « pouvoirs » (les siddhis) spéciaux qui se révèlent lorsque les asanas, les pranayamas, les bandhas et les mudras accompagnent le cycle menstruel.
Mais c'est surtout sur le plan subtil qu’apparait la plus grande différence entre les processus féminins et masculins. La structure énergétique de la femme est capable de conduire de l’énergie en plus grande quantité et plus rapidement qu'un corps masculin, en lien avec certaines caractéristiques biologiques féminines : le corps de la femme se prépare à créer et à maintenir une autre vie pendant la grossesse, et il a aussi une capacité à conduire de grandes quantités d'énergie pendant l'orgasme. La femme peut donc atteindre rapidement des niveaux de circulation d'énergie que les hommes pourraient atteindre seulement après de longues années de pratiques et à travers un grand nombre de répétitions de postures et de techniques de mobilisation d'énergie. (D'après la publication de Cláudio Fernandez - Shakti Tantra Yoga)
Une pratique de yoga non adaptée au corps féminin engendre plusieurs conséquences ; d’abord, cette pratique limite les possibilités d’empouvoirement de la femme qui n’explore pas ses potentiels psycho-physico-énergétiques. Ensuite, certaines techniques de mobilisation de haute énergie (comme la respiration bhastrika par exemple) vont à l’encontre de la circulation naturelle de l’énergie dans le corps féminin, pouvant provoquer une série de déséquilibres énergétiques, hormonaux et physiologiques.
Le Shakti Tantra Yoga, comme le Womb Yoga ou le Yoni Shakti, proposent de replacer le corps de la femme au cœur de la pratique de Yoga féminine. Les asanas sont créées et soutenues par l’énergie de la Yoni. Chaque pratiquant.e créée son propre sadhana (pratique rituelle dans une intention précise) - incluant asanas, pranayamas et mudras – en accord avec sa phase du cycle menstruel et ses objectifs.
Cette pratique du Yoga implique de construire et de cultiver une posture d’auto-observation et de proprioception du corps et de son énergie. Le Shakti Tantra est un chemin d’exploration intérieur qui permet de mobiliser certaines techniques pour apprendre à réguler son énergie selon les besoins de chaque phase, et pour diriger son énergie créatrice.
Références :
Dinsmore-Tuli, Uma. Yoni Shakti – A woman’s guide to power and freedom through yoga and tantra. London : Yogawords, 2014, 671p.
Pope, Alexandra et Hugo Wurlitzer, Sjanie. Wild power – Discover de magic of your menstrual cycle and awaken the feminie path to power. Cornwall : Hayhouse, 2017, 243p.